Le CAC.7 souhaite s’intéresser à la manière dont les arts numériques permettent d’explorer les nouveaux paradigmes créatifs, culturels, économiques et juridiques liés à l’émergence des métavers et des NFT. Nous espérons que ce Congrès sera un cadre opportun pour faire émerger des réflexions, projets de recherche et expérimentions artistiques transdisciplinaires. La 7ème édition du Computer Art Congress se tiendra à Crans Montana, le 1er et le 2 septembre 2021.
La création artistique évolue à travers ses modes de représentation, de diffusion et de monétisation. La prolifération des dispositifs dématérialisés provoque une impossibilité à avoir un seul espace et instant de vie non modelé non contaminé non contrôlé, comme l’explique Giorgio Agamben, « cette scission sépare le vivant de lui-même et du rapport immédiat qu’il entretient avec son milieu » .
Les artistes, depuis la Modernité ont cette volonté de questionner la mise en réseau du monde (Chantiers du Baron Hausmann, invention de la photographie, mise en place des Chemins de fer, de l’aviation, des égouts, de la poste…) en rapprochant l’art de la vie. L’évolution technique impose de plus en plus d’objets mécaniques et électriques entre le corps humain et l’espace environnant. Ce changement de paradigme s’est accentué avec les médias de masse dès les années 60, l’apparition de l’art par ordinateur, puis du net-art des années 90 à l’arrivée d’internet et maintenant l’apparition de la blockchain et des métavers. Les artistes portent un regard singulier sur ces médias et machines imposés (art vidéo, net-art, computer art, virtual art…) en les détournant et en interrogeant les pratiques liées à ces outils et leur portée sociétale.
Lorsque que l’on s’interroge sur les composantes, la nécessité et l’identité d’un lieu tangible ou intangible, certains dispositifs actuels peuvent nous aider à éclaircir le brouillard que notre époque contemporaine nourrit avec la question d’eSPACE , c’est-à-dire autour de la question d’un territoire média en réseau et associé aux réseaux.
L’analyse de l’apparition des métavers et des territoires numériques invite à s’intéresser aux mécanismes d’évolution des villes avec leur temps. Les villes sont marquées lors de leur création ou de leurs extensions et rénovations successives par les techniques, les cultures et les projets sociaux-économiques de leur temps. Dubaï a été déclarée capitale du XXIème siècle , ville Instagram dont la stratégie de développement est pensée par rapport à sa résonnance potentielle sur les réseaux sociaux. Pour autant, la capitale du XXIème siècle pourrait être d’un autre type, hybride ou entièrement dématérialisée et structurée autour d’un espace public en forme de métavers où pourrait être augmenté l'espace public des villes tangibles et leurs zones d’échanges, tant commerciales que sociales et culturelles par le biais d'avatars.
L’appréhension des sites que nous traversons avec les réalités augmentées, virtuelles, les nouvelles possibilités de modélisation et de perception, la communication et la diffusion des œuvres à l’ère de la reproductibilité numérique et la dissolution des formes transforment-elles fondamentalement notre rapport au monde ? Et comment cette aperception numérique nous proposerait-elle indéniablement de nouvelles expériences par le biais de la programmation et de l’immersion numérique ?
Avec les métavers, les superpositions et stratifications historiques du monde physique se combinent avec les superpositions de flux d’images et de données du monde numérique. Les NFT et l’ancrage sur blockchain amplifient cet effet d’inscription historique des contenus et des interactions. L’amplification sensorielle proposée par les métavers et la réification numérique par les NFT donnent à l’artiste des modes d’expression et de monétisation augmentés.
La blockchain et la cryptographie ouvrent de nouveaux possibles aux artistes, notamment aux artistes numériques et urbains, qui ne bénéficient que rarement de supports physiques comme marqueur de rareté pour monétiser leur art. Les jetons non-fongibles (NFT), qui reposent techniquement sur un smartcontract avec un identifiant unique et des métadonnées pointant vers les caractéristiques de l’œuvre, donnent la possibilité aux artistes de déclarer une authenticité, un niveau de rareté pour leur œuvre et d’associer des droits aux jetons qu’ils mettent en vente. La tokennisation permet également de renouveler le rapport aux collectionneurs et plus largement au public en structurant des communautés détentrices de NFT et autres jetons liés à l’univers de l’artiste, notamment en ayant recours à la création d’organisations autonomes décentralisées (DAO). Ces NFT également utilisés dans des jeux-vidéos devraient progressivement apparaître comme les actifs par destination des métavers tant décentralisés (Decentraland, Cryptovoxels…) que centralisés (Meta…) et les NFT artistiques sont déjà exposés dans des musées numériques de métavers.
Ce phénomène se prête à des analyses pluridisciplinaires, faisant appel à la fois aux sciences de l’information et de la communication, à l’art numérique, à l’informatique, aux sciences économiques et juridiques, à la sociologie ou encore à l’ethnographie du numérique.
Pour cet appel à communication nous axerons nos réflexions sur les possibilités actuelles de modélisations et intégrations virtuelles des formes artistiques offrant autant de nouveaux espaces de créations que des modèles économiques inédits.
Parmi les thèmes liés, le Congrès souhaite explorer les points suivants :
- L’art et les métavers : VR, AR, XR
- Œuvres éphémères et doubles numériques
- Capteurs, œuvres dynamiques et art
- Nouvelles interfaces : métavers et web 3.0
- Médiation culturelle et métavers : méthodes et parcours hybrides
- Curation de l’art numérique à l’ère des métavers et des NFT : méthodes, enjeux et perspectives
- La nature des NFT selon une approche pluridisciplinaire
- Le mouvement crypto-art : origines, symbolique, modes d’intervention, approche cultuelle numérique…
- Organisation décentralisée (DAO) et NFT
- Authenticité et œuvre numérique
- NFT, droit de la propriété intellectuelle et des biens immatériels
- Finance décentralisée (DeFi) et NFT
- L’économie des NFT : actifs numériques, économie de la rareté, mesures incitatives
- Les organismes de gestion collective et les NFT
- Acteurs du marché de l’art et NFT, enjeux institutionnels et économiques ; désintermédiations et réintermédiations
- NFT et standards techniques (jpeg…)
- NFT et smartcontract : aspects et enjeux techniques
- Structuration, stockage, sécurisation et évolutivité des métadonnées des NFT
Le Congrès prévoit également un appel à propositions artistiques et expérimentales en lien avec :
- Cryptographie : processus de chiffrement et de déchiffrement de la symbolique de l’œuvre, puzzle bitcoin
- Art génératif et smartcontracts
- Organisations décentralisées (DAO) dans le processus créatif, le rapport au public et aux collectionneurs
- Capteurs, oracles et œuvres dynamiques et évolutives
- Œuvres et dispositifs hybrides : AR/XR/VR
- Expériences interactives et web 3.0
- Nouveaux symboles et icônes numériques
Dates importantes :
• 15 avril 2022 : Réception des articles complets et des propositions d’œuvres
• 02 mai 2022 : Réponses aux auteurs et aux artistes
• 01 juin : Soumission des articles définitifs et des dossiers techniques des œuvres
• 30 juin : installation des œuvres dématérialisées dans le métaverse
• 02 & 03 septembre : Conférence
• 28 août : installation des œuvres physiques dans le lieu d’exposition prévu à Crans-Montana
Les propositions d’articles scientifiques ou techniques pourront respecter deux formats :
Article approfondi : 30 000 signes espaces compris maximum
Article de recherche en cours : 10 000 signes espaces compris maximum
Format de fichier accepté : doc, docx, rtf, odt.
Les propositions devront être entièrement anonymes, sans référence aux auteurs dans le
texte, dans la bibliographie ou dans les propriétés du document.
Les propositions seront évaluées en double aveugle par deux membres du comité scientifique. Les résultats de l’évaluation seront adressés aux Auteurs.Les soumissions seront adressées par mail aux deux adresses suivantes marc.veyrat@univ-smb.fr et matthieu.quiniou@univ-paris8.fr
Dans le corps du message, les expéditeurs doivent rappeler le (les) nom(s) des auteurs, le nom de leur(s) institution(s) de rattachement et le titre de l’article.
Publication
Les actes du colloque seront édités aux Éditions EUROPIA.
Présidents de la conférence :
Khaldoun ZREIK, Université Paris 8, Laboratoire Paragraphe
Marc VEYRAT, Université Savoie Mont-Blanc, Laboratoire Paragraphe Matthieu QUINIOU, Université Paris 8, Laboratoire Paragraphe
Carole BRANDON, Université Savoie Mont-Blanc, Laboratoire LLSETI
Comité Scientifique (in progress / en cours de construction) :
José-Ramón Alcala, Universidad de Castilla-La Mancha, Spain
Pau Alsina, Universitat Oberta de Catalunya, Spain
Clarisse Bardiot, Université de Rennes, France
Maurice Benayoun, School of Creative Media, City University Hong Kong, Hong Kong Ricardo Dal Farra, Concordia University, Canada
Pierre Boulanger, University of Alberta, Canada
Ron Burnett, Emily Carr University of Art and Design, Canada
Chu-Yin Chen, University Paris8, France
Alan Dunning, University of Calgary, Canada
Tania Fraga, Instituto de Matemética e Arte de Sao Paulo, Brazil
Malu Fragoso, Universidade Federal do Rio de Janeiro, Brazil
Robin Gareus, Germany
Antonella Tuffano, University Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France Mariateresa Garrido Villareal, University of Peace, Costa Rica
Shawn Greenlee, Rhode Island School of Design, USA
Olga Kisseleva, University Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France
Nick Lambert, Ravensbourne College, London, UK
Victor Lazzarini, Maynooth University, Ireland
Paul Magee, Independent Artist, UK
Roger Malina, University of Texas at Dallas, USA
José-Carlos Mariategui, Alta Tecnología Andina, Peru
Lev Manovich, City University of New York, USA
Nick Montfort, Massachusetts Institute of Technology, USA
Gunalan Nadarajan, School of Art & Design, University of Michigan, USA Guto Nóbrega, Universidade Federal do Rio de Janeiro, Brazil
Cedric Plessiet, University Paris 8, France
Laurent Pottier, Université Jean Monnet, France
Everardo Reyes, Université Paris 8, France
Winfried Ritsch, University of Music and Dramatic Art Graz, Austria
Juan-Carlos Sainz-Borgo, University of Peace, Costa Rica
Luz María Sánchez Cardona, Universidad Autónoma Metropolitana, Lerma campus, Mexico Christa Sommerer, University of Arts and Industrial Design, Austria
Jack Stenner, University of Florida, USA
Victoria Vesna, University of California, Los Angeles, USA
Marc Veyrat, Université Savoie Mont-Blanc, France
Khaldoun Zreik, Université Paris 8, France
Matthieu Quiniou, Université Paris 8, France
Carole Brandon, Université Savoie Mont-Blanc, France
Organisation :
Laboratoire Paragraphe
Société SONA
World XR Forum
Site web : http://europia.org/cac7/
Contact :
Laboratoire Paragraphe EA349, Université Paris 8 2 rue de la Liberté, 93200 Saint Denis.
matthieu.quiniou@univ-paris8.fr