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Corps en Immersion

Une actualité dans les arts et les sciences à travers les corps pluriels.

PARADIS ARTIFICIELS

Publié le 7 Mai 2022 par Anaïs BERNARD in Exposition

PARADIS ARTIFICIELS

PARADIS ARTIFICIELS
Exposition personnelle
Maison Elsa Triolet-Aragon, Saint-Arnoult-en-Yvelines
Vernissage le samedi 14 mai 2022
Du 14 mai au 28 août 2022
https://www.maison-triolet-aragon.com/

La Maison Elsa Aragon-Triolet présente l'exposition Paradis Artificiels de Miguel Chevalier, un parcours au coeur d'une nature réinventée.

Pionnier de l’art virtuel et du numérique, Miguel Chevalier utilise depuis 1978, l’informatique comme moyen d’expression dans le champ des arts plastiques. Son travail aborde la question de l’immatérialité dans l’art, ainsi que les logiques induites par l’ordinateur, telles que l’hybridation, la générativité, l’interactivité.

L'exposition Paradis Artificiels questionne la nature au temps de l’artificiel. Selon une démarche initiée à la fin des années 90, qui prend appui sur l’observation du règne végétal et sa transposition imaginaire dans l’univers numérique, Miguel Chevalier est le créateur de différents herbiers et jardins virtuels, tels que Fractal Flowers ou Trans-Natures que l'on découvre dans l'exposition.

Dans la grande salle d’exposition temporaire, nous découvrons la génération des Fractal Flowers, une nature sortant des classements botaniques, à la lisière de quatre mondes : végétal, minéral, animal et robotique.

Sur deux écrans LCD disposés côte à côte, se développent deux nouvelles fleurs virtuelles, Lycoris radiata speciosa d’Aragon et Nemophila Libertia d’Elsa Triolet, en hommage aux deux écrivains qui avaient acquis cet ancien moulin. Sur chaque écran, les fleurs naissent, déploient d'incroyables formes, ondulent au gré d’un vent virtuel que nous ne sentons pas, avant de disparaissent sous nos yeux pour laisser place à d’autres. Les fleurs, nées de germination numérique, dévoilent des formes poussées à l'extrême de leur géométrisation. Nous passons d'univers foisonnants à des moments où la nature semble entrer dans une phase de repos hivernal. Les fleurs ont à la fois une réelle monumentalité par leurs formes géométriques et en même temps un aspect évanescent lorsque, en quelques secondes, elles s'évaporent dans l'air. Ces tableaux vivants exercent une fascination troublante sur le spectateur. Ces œuvres hypnotisent le regard dans une éblouissante dialectique entre le réel et le virtuel.

Au regard de ces deux œuvres vidéo-numériques sont présentées différentes créations de la série Fractal Flowers qui explorent la multiplicité de l'oeuvres à l'heure du numérique. L’œuvre numérique repose sur un code qui peut être interprété différemment selon les logiciels et admettre toutes les variations et supports possibles pour donner une matérialité au virtuel.

Parmi ces œuvres, deux différentes installations, l’une sous forme de sculptures réalisés par impression 3D, l’autre sous forme de tableaux réalisés par impression numériques, matérialisent le cycle de vie, de sa naissance à sa disparition, d’une fleur imaginaire Bella Donna. Ces œuvres évoquent la chronophotographie de Eadweard Muybridge ou Étienne-Jules Marey, technique photographique qui consiste à prendre une succession de photographies et permet de décomposer les phases d’un mouvement. Elles résument l’évanescence de la beauté et de la vie.

Dans la second salle d’exposition, jaillit un jardin virtuel Trans-Natures. Ce jardin extraordinaire mêle différentes espèces d’arbres, de feuillages et de fleurs dont certaines que l'on trouve dans le parc de la Maison de Elsa Triolet-Aragon. Cette nature aux formes parfois réalistes, parfois abstraites, se génère à l’infini grâce à un programme informatique écrit par Claude Micheli. Dotées d'une vie artificielle, les plantes naissent aléatoirement, s’épanouissent, avant de disparaître sous les yeux du visiteur. Cette installation à la différence d’un film, n'est plus de l'ordre du fini, mais se régénère constamment. Le jardin se renouvelle et se métamorphose en permanence à la recherche de sa splendeur estivale. Des arborescences de branches acérées grandissent sans répit et deviennent gigantesques. Des nuées de pollinisation florale apparaissent et disparaissent. Feuillages, fleurs et arbustes épineux s’entrelacent en une mystérieuse tornade végétale. Ce ballet végétal de milliers de pixels procure une sensation méditative. L'exposition Paradis Artificiels est une ode à la nature. Les différentes créations reflètent notre monde actuel où la nature est de plus en plus maîtrisée et conditionnée, ainsi que la vie artificielle devenue possible. Au-delà de leurs qualités esthétiques, ces œuvres questionnent les enjeux de la manipulation génétique : nul ne peut prédire ce que produiront ces fleurs libres de se croiser et de se reproduire à l’infini… Elles interpellent sur une biodiversité à préserver au risque d'être réduit à une nature totalement artificielle. Ces paradis artificiels cherchent à créer les conditions d'une symbiose entre l'homme et la nature.

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