Ce nouvel ouvrage de la collection TEXTE & IMAGE est lié aux présentation du Colloque Texte & Image 5 / Les Fabriques des Histoires, qui s'est déroulé à l'Université Savoie Mont Blanc (Chambéry) en octobre 2018. À partir du Désert de Retz — jardin anglo-chinois imaginé à la fin du 18e siècle par un aristocrate, François-Nicolas-Henri Racine de Monville et véritable processus de mise en réseau — plusieurs enseignants chercheurs et artistes, réunis par une volonté résolument interdisciplinaire — Art et Sciences de l'Art, Littérature, Sciences de l'Information et la Communication, Informatique — interrogent la notion de scénario et comment ce dernier s’élabore désormais autant à partir d’images interconnectées que de langages, de traductions, d’interprétations.
Vous y retrouverez mon article intitulé Je(u) e(s)t dividualité, labyrinthe d’une conscience émotionnelle.
En voici le résumé:
Le « dividualisme » prend le contrepied de notre société contemporaine où tout se recentre autour de la notion de l’individualisme. Le « Moi », la partie de notre personnalité la plus consciente, car en contact permanent avec notre réalité consensuelle s’efforce de maintenir l’influence du monde extérieur sur le Ça. Ce pôle pulsionnel engendre nos « dividus », changeant de masque, de rôle et marquant nos identités multiples de façon éphémère. Je suis une femme… Je suis une fille… Je suis une sœur… Je suis une enseignante… Je suis une combattante… Je suis une chercheuse… Je suis une rebelle… Je suis une amie… Je suis une artiste… Je suis une confidente… Je suis un alien… Je suis divisible car tout est mobile. Cette approche implique une infinité de points de vue, en éliminant toute limite parfois à la bordure de la schizophrénie, pour avancer dans notre monde en constante évolution. Pour paraphraser le « Dieu est mort » de Nietzsche, nous sommes face à « L’individu est mort ». La potentialité d’avoir la possibilité de changer d’identité, tout en demeurant anonyme, de se risquer à de nouveaux rôles, de jouer avec d’autres visages, tout Ça est singulier et admirable dans le façonnage individuelle. C’est une profonde mutation de notre société qui en découle. Cependant, l’idée d’un « dividu » changeant et englobant toutes les sphères sociales exclura petit à petit l’individualité. Et si la solution était là : se réinventer à chaque instant ?
Marc Veyrat, 2019, Texte et Image 5 - Les Fabriques des histoires, Éditions de l'Université Savoie Mont Blanc, 236 pages, 25.00 euros.