Elizabeth Prouvost : lumière nocturne
Toute l’œuvre d’Elizabeth Prouvost s'oppose aux stéréotypes en usage. L’artiste met l'accent sur un travail, une technique et un choix "muséal" qui ne connaissent que peu d'équivalents et qui lui permettent de parvenir au fond du visible où la nuit galope vers une aube.
Parfois c’est l’inverse qui se produit comme par exemple dans un service tel que celui des soins palliatifs (on sait ce que cela sous-entend) au C.H. de Troyes. Néanmoins la photographie n’est pas un moyen de mieux finir mais d’espérer encore un peu au sein même du lieu où le corps et l’âme chancellent.
Peuplées des sombres continents, de telles photographies ne servent pas de "décor".
Elles possèdent un souffle visionnaire capable – qui sait ? – de réveiller ceux qui connaissent une dramaturgie et un rituel nocturnes. Dans les replis de ses ombres l’œuvre n'est pas exhibitionniste mais toujours vertigineuse et en écho avec le lieu.
Une clameur infuse des racines les plus enfouies dissipent l’épaisseur de la nuit comme celle de la peine. Il ne s’agit pas de les apaiser mais de les accompagner.
Et il arrive que l'être voie encore comme au sommet du ciel la fente de lumière dans un manteau de nuit.
L'image devient donc la prêtresse nocturne qui face aux prescriptions du destin garde son "mot" à dire.
Jean-Paul Gavard-Perret
Elizabeth Prouvost, Ce que nous voyons, ce qui nous regarde, Service des soins palliatifs, C.H de Troyes, du 18 janvier au 18 mars 2018.