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Corps en Immersion

Une actualité dans les arts et les sciences à travers les corps pluriels.

No age, please, we’re post-human! Posthumain et culture de jeunesse

Publié le 2 Juillet 2017 par Anaïs BERNARD in appel a communications, Appel à communications

No age, please, we’re post-human! Posthumain et culture de jeunesse

No age, please, we’re post-human!
Posthumain et culture de jeunesse

Jeudi 8 et vendredi 9 mars 2018
Université de Lorraine, Nancy
Laboratoire Littératures, Imaginaire, Sociétés (LIS – E.A. 7305)

 

« If adolescence is the time when one considers what it means to be human, to be an individual, then there has never been a period of history when it has been more difficult to figure this out than now. Being introduced to and understanding the posthuman age is essential for young adults, as it is their future. »
Si le posthumain a fait l’objet d’une riche investigation universitaire ces dernières années, ses liens avec la culture jeune n’ont quant à eux été que peu exploités, alors même que l’un semble nécessairement problématiser l’autre. Après tout, pour reprendre Elaine Ostry, comment et pourquoi user du ‘moment adolescent’ pour devenir humain et interroger son humanité quand les adultes se préparent (et nous préparent) déjà à la posthumanité ? Quelle valeur prend l’âge métamorphique de l’adolescence à l’heure de la fin de l’homme qu’évoque Fukuyama en 2002 dans Our Posthuman Future ?
Par ailleurs, qu’il s’agisse de génétique ou de neuropharmacologie, Fukuyama pense le posthumain à l’aune des effets produits sur l’enfance et l’adolescence, tandis que la question posée par Jean-Michel Besnier en 2009 en sous-titre à Demain les posthumains, « Le futur a-til encore besoin de nous ? », suppose l’obsolescence de notre besoin de jeunesse par péremption de l’idée même de devenir.


Dès lors, deux grandes approches se dessinent. Il s’agit d’une part d’examiner comment la question du posthumain est traitée dans les productions de jeunesse : génétique, adieu au corps, contrôle comportemental, mécanisation et machinisation de l’individu (le cyborg, le robot), intimité numérique (parler de digital native pour désigner ces générations induit une redéfinition par le technologique), construction d’identité de sexe (« No sex, please, we’re
posthuman », écrivait Slavoj Zizek, dont nous reprenons en titre la formule) et de genre (les travaux de Donna Haraway), éveil et renouvellement des sens (le bodyhacking), inscription dans le champ du collectif (utopie, dystopie)… Il apparaît en effet que les enjeux du temps posthumain rejoignent ceux du temps de la jeunesse, et peut-être plus spécifiquement encore du temps de l’adolescence. Celle-ci, prise entre métamorphose sociale et métamorphose biologique du devenir-adulte, double la renégociation qui définit selon Després et Machinal la condition posthumaine : « Le posthumanisme n’est pas la fin de l’homme, mais plutôt une renégociation, un questionnement, un travail sur et avec la condition humaine et la tradition humaniste ». C’est donc au titre de cette renégociation que la jeunesse doit être questionnée comme espace privilégié de réflexion sur le posthumain.


D’autre part, il s’agit de comprendre comment le posthumain peut lui-même être pensé à partir d’une approche culturaliste de la jeunesse. Celle-ci, en tant que sujet, outil de fabrication et lieu de projection du futur, semble propice à penser le post, ainsi qu’à penser nos résistances face au posthumain. La jeunesse, territoire physique et moral sacralisé, relève de l’intouchable et contreviendrait par nature aux modifications inhérentes au devenir posthumain, produisant un étrange tabou : la modification peut être pré-natale ou post-adolescence, mais ne saurait toucher l’âge préservé de l’enfance et de l’adolescence.
L’état métamorphique de l’adolescence est alors à remettre en perspective : l’idéal de croissance, de développement et de potentiel qu’il suppose  a certes été érigé en mesure des attentes sociales du monde hypermoderne, mais se trouve néanmoins mis en défaut par le paradigme posthumain, acceptation de « notre destinée en tant que créatures qui se modifient elles-mêmes ». La métamorphose malgré soi que représente l’adolescence, fonctionnant comme un surgissement, fait-elle de cette adolescence un modèle obsolète à l’heure des modifications programmées ?
Le retour, par le modèle adolescent, du refoulé naturel – l’incontrôlé, le non-programmé, la plasticité autonome – favoriserait l’émergence d’une culture de jeunesse propre à penser les stratégies de résistance vis-à-vis de ce destin posthumain, tout en faisant paradoxalement figure d’aboutissement de ce même destin. En effet, à l’heure où se propagent les discours sur « la mort de la mort », la jeunesse n’aurait plus lieu d’être spécifiée, puisqu’elle serait recouvrement de tout dans l’éloignement du vieillir physique et la conjuration fantasmée du « vieillissement du vécu subjectif  ». Le posthumain est-il post-âge, ou peut-il au contraire être pensé de manière spécifique par le prisme de nos représentations de la jeunesse et des productions et modes de consommation de la culture jeune ?


Modalités de soumission : La manifestation se veut interdisciplinaire – voire, pourquoi pas, post-disciplinaire. Les propositions, d’une quinzaine de lignes environ et suivies de quelques lignes de présentation de l’auteur-e, sont à envoyer pour le 01 octobre 2017 aux deux adresses suivantes : anne.cousseau@univ-lorraine.fr et matthieu.freyheit@gmail.com


Comité scientifique
Isabelle Boof-Vermesse (Université Lille 3 Charles de Gaulle)
Jean-François Chassay (Université du Québec à Montréal)
Christian Chelebourg (Université de Lorraine)
Anne Cousseau (Université de Lorraine)
Elaine Després (Université du Québec à Montréal)
Matthieu Freyheit (Université de Lorraine)
Hélène Machinal (Université de Bretagne Occidentale)


Organisation : Anne Cousseau et Matthieu Freyheit, LIS (E.A. 7305) 

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