La médecine, bouleversée par l'évolution des sciences, ne propose plus seulement de diagnostiquer et de soulager l'être humain, mais aussi de le réparer ou de le transformer. La protection humaine ne semble plus être la priorité. L'essai interroge sur la dimension totalitaire que revêt désormais la santé, découlant de la volonté d'hyper maîtrise du corps, de l'angoisse à la vulnérabilité, etc.
Les développements biotechnologiques de la médecine fascinent et inquiètent. Et ce qui nous apparaissait hier, ajuste titre, comme un immense progrès, est peut-être en passe de susciter des tourments inédits. Immortalité, invulnérabilité, des moyens considérables de maîtrise s'invitent dans le développement de l'humain depuis sa première cellule. En se proposant non seulement de diagnostiquer, soulager, mais aussi de réparer, régénérer, voire de transformer et d'augmenter l'être humain, la médecine contemporaine s'ouvre à des scénarios de science-fiction, mais est-elle encore dans sa fonction ? Ce mouvement de médicalisation globale de l'existence humaine contribue-t-il à l'humanisation des personnes et au bien-être social ? Sans diaboliser ces développements, Marie-Jo Thiel nous aide à ouvrir les yeux et à reconnaître que la santé n'est pas qu'une affaire de technique et de longueur de vie. Légiférer n'est pas toujours la solution. Commençons par revisiter nos modèles anthropologiques, par former à l'accompagnement des personnes, par retrouver la relation au corps, à la sensibilité et à l'expérience. La santé a besoin de nous !
Marie-Jo Thiel, 2014, La santé augmentée : réaliste ou totalitaire ?, Bayard, 279 pages, 20,99 euros.