Extrait
Une petite histoire
Projetons-nous dans un lieu spacieux, calme, aéré, où des personnes allongées au sol s'étirent, se contorsionnent silencieusement sur un parquet brillant, avant de continuer leurs gesticulations collectives et apparemment synchronisées... debout !
C'est ce qu'un oeil non initié peut sembler voir en regardant à travers la vitre de cette salle de danse. Mais que font-ils ? Leur agitation n'a d'égale que leur concentration. Rien ne vient perturber leur tâche ! Ils poussent, ils tirent avec une telle ardeur, proche du désespoir. S'ils ne luttent pas contre les éléments, c'est tout un fatras d'objets invisibles qui viennent les harceler et personne pour leur dire qu'il n'en est rien, qu'ils se calment. Que tout va bien !
Toujours derrière la vitre, c'est ce qu'il nous semblerait comprendre.
Où le drame atteint son paroxysme, c'est lorsqu'ils osent nier leur visage en l'immolant d'un masque aussi froid qu'immobile, pour semble-t-il agiter autrement un corps porteur de ce gros point blanc.
Ou bien à ce moment, on prend peur et on fuit.
Ou bien la fascination s'exerce et reprenant nos esprits, on s'interroge : qu'est-ce ?
Mais, c'est un cours de mime !
De l'autre côté du «miroir»
Passons maintenant de l'autre côté de la vitre.
Dans toutes les écoles traditionnelles de mime théâtral, c'est en principe un enseignement muet, où la technique se transmet par l'imitation.
Ici, il en est autrement.
Par la parole, j'insiste sur les points d'éveil tel que la perception des sensations kinesthésiques produites par les mouvements, la respiration consciente, l'écoute de soi, de l'autre. Puis surtout, sur le fait qu'aucun geste, aucun mouvement ne doit tomber dans le piège d'un automatisme purement et seulement technique.
L'objectif est de prendre conscience de soi dans la dynamique du mouvement, comme dans sa passivité apparente. Puis chercher à ce que l'expression créatrice, aussi petite soit-elle, soit présente à chaque instant.
Mais, dès que l'on aborde le corps, et a fortiori, l'expression à travers lui, on touche à ce qu'il y a de plus secret, sensible, profond en soi.
Cette approche, de découverte ou redécouverte, suscite auprès des personnes concernées des verbalisations formulées en questions ou simplement en affirmations.
Les questions, formulées ou non, sont bien sûr en rapport avec leurs découvertes.
D'abord, dans cette approche sur le travail du corps, le but n'est pas seulement son acceptation, car nous pouvons dans certains cas extrêmes accepter son corps mais ne pas l'aimer ; mais surtout acquérir une harmonie psychocorporelle constante et définitive.
Présentation de l'éditeur
Le mime est l'expression totale de soi à travers le corps tout entier, sans la parole. C'est la représentation de tous les états d'âme et situations de l'Être Humain. C'est imiter et s'identifier à autrui, à l'espace, à l'objet, ainsi qu'à la nature toute entière.
La psychomotricité est l'éducation du geste au service de la pensée. C'est un des moyens qui permettent de restaurer l'adaptation de l'individu au milieu par le biais d'apprentissages psycho-perceptivo-moteurs. Elle s'adresse à tous, de l'enfant à la personne âgée. La psychomotricité a une spécificité qui vient bien entendu de son approche corporelle qui permet, à travers l'exercice physique et la communication du corps, d'améliorer le psychisme.
Simone Conein-Gaillard est la première et la seule à avoir adapté l'art du mine à la psychomotricité, poursuivant deux objectifs : l'éveil et la découverte de soi dans une optique de développement personnel et l'application thérapeutique. Elle se sert du corps pour ouvrir à l'éveil de la conscience d'être.
L'auteur utilise le Mime corporel (écoles Etienne Decroux et Wolfram Mehring), la Pantomime (école Marcel Marceau), le port du Masque neutre (école Jacques Lecoq), la fabrication de masque (Stefano Perroco - disciple de Sartori), et le travail sur la respiration. Ce faisant, elle s'appuie sur quatre principes fondamentaux de travail : l'observation, la concentration, l'écoute et la disponibilité.
Un livre technique et pratique à la portée de tous les curieux du développement personnel via le corporel.
Née au Brésil, professeur de mime, mimographe, Simone Conein-Gaillard se forme en Psychomotricité-D.E. à la Pitié-Salpêtrière après avoir été la partenaire de Marcel Marceau à Paris. Elle enseigne depuis 1973 l'application du mime adapté à la thérapie, pour la Faculté de Médecine Paris VI -Pierre et Marie Curie - Pitié-Salpêtrière, ainsi qu'à l'Institut Supérieur de Rééducation Psychomotrice, dans le cadre de la formation des futurs psychomotriciens.
Conein-Gaillard S., 2011, L'art du mime adapté à la psychomotricité : Du corps oublié au corps créateur, Le Souffle d'Or: Chrysalide, 258 pages, 16.23 euros.